• Grâce et dénuement

    Les voyages en train sont propices à la lecture et ma petite escapade dans ma famille m'a permis de me régaler d'un très beau livre d'Alice FERNEY : "Grâce et Dénuement"

    Qu'est-ce qui attire dans un livre ?
    Le titre ? celui-ci ne m'a pas particulièrement parlé.
    La photo de couverture ? pas vraiment ici
    L'éditeur ? j'avoue que j'ai lu de très belles choses dans cette collection... alors ma main s'est tendue vers la quatrième de couverture et j'ai découvert le résumé :

    Dans un décor de banlieue, une libraire est saisie d'un désir presque fou : celui d'initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d'abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu'inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu'elle entrevoit le destin d'une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils. Dans ce troisième roman, récompensé par le prix \" Culture et bibliothèques pour tous \", Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité.

    Le thème m'a séduite et j'ai emprunté l'ouvrage, pour découvrir à taton ce monde assez mal connu tellement il est hors du monde et de la société et surtout mal-aimé, prête je l'avoue à abandonner si l'auteur tombait dans le misérabilisme et la larme facile. Mais cette histoire de libraire faisant découvrir le monde merveilleux de la lecture m'attirait au plus haut point.

    Eh bien je n'ai pas été déçue et même absolument enchantée par l'humanité qui se dégage de ce livre. Le monde des gitans est décrit sans aucune concession. Alice Ferney que je lisais pour la première fois offre une histoire pleine de sensibilité et d'une grande richesse, ne cherchant pas à nier ou cacher les murailles culturelles et sociales qui séparent les gitans de la population des villes où ils s'installent. Elle décrit bien leur mode de vie et leur incapacité, malgré la pauvreté et les privation, à se projeter dans un quelconque désir de mieux être.

    "Les hommes étaient détruits, bien plus que les femmes (sans doute parce qu'elles portaient les enfants et qu'elles étaient occupées à les aimer, les nourrir, les laver et les battre, ce qui suffit à faire une vie). Ils étaient défaits parce qu'ils n'étaient obligés à rien. Ils n'étaient jamais tendus vers quelque chose, personne n'attendait rien d'eux. Ils traînaient, sauvegardant des apparences qui valaient autant pour eux que pour leur femme : la fierté".
    (page 65)

    Esther, la libraire arrive donc sur un terrain mouvant où elle est et restera la gadjé. Cependant il se tisse au fil des mois des liens qui, sans être de l'amitié, deviennent d'une grande force et tout cela grâce à la magie des livres et des histoires grâce auxquels un pont ténu s'est construit.

    "Il y avait un secret au coeur des mots. Il suffisait de lire pour entendre et voir, et l'on n'avait que du papier entre les mains. Il y avait dans les mots des images et des bruits, la place de nos peurs et de quoi nourrir nos coeurs."
    (page 165)

    Page après page Alice Ferney nous fait découvrir la vie d'une famille vivant avec ses propres codes, ses drames, ses déchirements. La curiosité des enfants intrigue les grands et un petit bouleversement s'opère dans la communauté ballottée par un quotidien difficile. Pourtant certains passages sont très souriants et en refermant le livre j'ai compris tout le sens du titre qu'elle a choisi et qui ne pourrait être autre... "Grâce et dénuement".

     

     


  • Commentaires

    24
    Dimanche 20 Avril 2014 à 20:22

    Merci Cathycat pour cette présentation qui donne envie de découvrir ce livre. Bonne soirée et bisous

    23
    Dimanche 20 Avril 2014 à 19:45

    @ Cendrine
    Merci de ton passage chère Cendrine, j'espère que tu vas mieux.
    Belles fêtes de Pâques pour toi aussi. J'ai survolé ton article avec tes si jolies cartes... J'y retourne.
    Gros bisous.

    22
    Dimanche 20 Avril 2014 à 01:39

     

    Un très beau thème, un monde différent qui se dévoile au fil des pages et du temps réel et littéraire, une découverte dont tu parles avec beaucoup de finesse et d'émotion...Une très belle et rare initiative.

    Merci beaucoup pour ton très gentil message.

    Voici Pâques et son cortège de gourmandises aux couleurs douces du Printemps... Gare aux cocottes, lapinous et petits poissons en robe de cacao!!! Je te souhaite un très agréable dimanche et un lundi tout aussi délicieux. Amicales pensées et gros bisous. Joyeuses Pâques! Cendrine

    21
    Samedi 19 Avril 2014 à 18:29

    @ Marielle
    J'ai aimé me plonger dans ce monde si différent du nôtre et que nous cotoyons pourtant assez souvent. Par exemple lorsqu'un d'eux est hospitalisé, c'est la famille complète qui passe des journées entières à attendre des nouvelles. Une fois mis de côté les préjugés, il y a une vraie richesse à découvrir une autre manière de vivre. Mais je continue à penser qu'il vaut mieux être chacun chez soi et savoir vivre ensemble dans les lieux communs. Merci de ton passage, je n'ai pas encore eu le temps de lire ton dernier article voyageur mais le grand week-end me laissera plus de temps. A très vite donc... Bisous

    @ agathe
    Ah cette couverture !... Elle suggère le rejet de ce monde, la réalité de la saleté qui règne sur ce camp, elle montre aussi l'innocence que gardent les petits enfants mais je les ai jamais senti comme cela dans les lignes... tu me diras ce que tu en penses d'accord ? Bon week-end pascal. Bisous agathe.

    20
    Samedi 19 Avril 2014 à 15:45

    je note , je vais le lire . . souvent on dit et on ne fait pas , mais là , je vais faire ,

    le sujet me plait beaucoup . .

    merci à toi

    je ne vais pas " oser " dire  ' j'aime la couverture " et pourtant c'est la vérité

    je ne dois pas etre comme tout le monde

     

    gros bisous CathyCat et merci pour ton article

      

    19
    Vendredi 18 Avril 2014 à 17:53

    J'aime ta curiosité et je la partage. L'extrait de la page 165 me parle énormément. Découvrir pour comprendre et porter un autre regard sur l'étranger, l'autre, l'inconnu... J'ai côtoyé quelques années des gens du voyage sédentarisés pour un temps. C'est un monde à part avec ces propres codes mais fascinant. Et quand j'ai appris par la suite que j'avais des origines lointaines tsiganes des pays de l'est, c'était troublant et rassurant. Cela expliquait mon attirance et mon empathie pour les gens différents... Merci pour le partage. Bises et bon week end

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    18
    Jeudi 17 Avril 2014 à 21:36

    @ Gérard
    cela reste un roman à lire avec plaisir, bien documenté mais pas trop documentaire non plus... bisous

    @ Isdaelceret
    les plaine du Canada ? une lecture bien dépaysante je pense... Bisous

    @ Quichottine
    Je suis certaine que tu aimeras beaucoup ce livre, tu me diras ?... Bisous et à très vite dans tes allées.

    @ Simone
    Je crois que c'est sans espoir... un monde si différent. Mais au moins mieux les connaître... Bisous

    @ Lorraine
    Ce passage sur la lecture m'a tellement séduite qu'il me fallait le partager. Il y a de très beaux passages dans ce livre et le personnage de la mère, chef de meute, est d'une densité vraiment intéressante. Un très beau roman mais qui montre combien certains modes de vies ne changeront pas de sitôt.
    Belle soirée à toi. Bisous

    @ Clara
    On parle bien de gitans dans le livre. Nous avons eu à l'aide à la scolarité pendant quelques mois trois enfants bulgares qui parlaient à peine le français.Ils ont progressé très rapidement dans l'apprentissage de la lecture, puis ils sont partis... Drôle de vie quand même... Bisous Clara

    @ Mamilouve
    Je suis en effet heureuse d'avoir su dépasser mes préjugés, même si au bout du compte, malgré les personnages très marqués, j'ai quand même du mal à comprendre ce mode de vie. La lecture de ce roman m'a tout de même touchée car il est truffé de détails dramatiques ou joyeux qui ne peuvent laisser indifférents.
    Bonne lecture alors... Bisous

    @ Zaza
    Ne te fie surtout pas à la couverture, même si les enfants dans ce camp vivent dans la saleté et la précarité, il existe une vrai richesse humaine. Et oui, ta carte marque-page m'est très précieuse :-) Bisous et caresses aux matous.

    17
    Jeudi 17 Avril 2014 à 19:14

    C'est vrai que la couverture n'attire pas vraiment, mais on a parfois de bonne surprise !

    Merci pour le partage !

    Bonne soirée

    Bises

    Ps : cela me fait très plaisir de savoir que tu te sers de ma carte comme marque page

    16
    Jeudi 17 Avril 2014 à 16:59

    Il faut parfois savoir passer une première impression négative, tissée de mots et d'images sombres, réveillant les démons endormis de la misère et de la peur. Je ne connais ni le livre ni l'auteur, mais je suivrai ton conseil. Belle soirée à toi !

     

    15
    Mercredi 16 Avril 2014 à 07:43

    c'est moi me voilà avec mon nuage !

    je passe au dessus de ta page,
    Pour déverser une petite pluie de bisous aussi
    pour te souhaiter un bon mercredi
    passe une tres bonne journee !!
    kisssssssss youuuuuuuuuuuuu
     
    14
    Mercredi 16 Avril 2014 à 07:12

    Bonjour Cathy,

    C'est vrai que quand on voit la couverture du livre, on craint de tomber dans le misérabilisme.

    Je croyais que l'école existait bel et bien pour les enfants gitans ? Je crois même qu'il y a des écoles itinérantes, à moins que ce ne soit des roms dont il s'agit dans le livre ?

    Ici à Tarbes, existe une association depuis longtemps qui s'occupe très bien d'eux à tous points de vue (plus que pour certains, je peux te le dire) et puis ils ont des aires bien aménagées et à eux. Donc, je pencherais pour les roms.

    Bises et bonne journée à toi.

    13
    Lundi 14 Avril 2014 à 15:46

    J'avoue que la couverture m'aurait arrêtée, cherchant aujourd'hui plutôt la détente que l'analyse ou le compréhension. Sans doute parce que tous les malheurs du monde me sont passés dans les mains quand, journaliste, je faisais la critique des "livres sociaux" (sou-entendez: les multiples drames de la vie). Mais je conçois l'intérêt pour cette libraire et le petit univers qui l'entoure, et tu nous en donnes pour preuve ton avis parfaitement clair et ce passage sur la magie des mots. :)

    Merci pour ce partage, bises,

    Lorraine

    12
    Lundi 14 Avril 2014 à 11:44

    il est vrai il y a de quoi faire.....

    te souhaite une bonne bonne semaine

    11
    Lundi 14 Avril 2014 à 10:02

    Un livre que je mets donc dans mon petit carnet de livres à lire... Merci pour la découverte, Cathycat.
    Bisous et douce journée.

    10
    Lundi 14 Avril 2014 à 09:12

    Oui ce livre vaut d'être lu , tu as bien fait de lui offrir une place d'honneur , j'ai beaucoup aimé aussi ,en ce moment je suis au quatrième tome  de Marie-Bernadette Dupuis, dans les plaines du CANADA  ,un régal aussi  .  bon lundi bonne semaine  bises

     

    9
    Dimanche 13 Avril 2014 à 22:38

    Critique précise et sérieuse qui incitent à entrer dans ce livre

    8
    Dimanche 13 Avril 2014 à 18:37

    @ Pascale
    C'est un livre fort en effet et tellement humain qu'il se lit très facilement et on apprend beaucoup. J'espère qu'il te plaira. Bisous

    7
    Dimanche 13 Avril 2014 à 18:35

    @ Gazou
    C'est le premier roman d'Alice Ferney que je lis et je récidiverai. C'est vrai que l'empathie est omniprésente et j'aime sa sensibilité. Bisous Gazou

    6
    Dimanche 13 Avril 2014 à 18:31

    @ Simone
    Eh oui, le problème est aussi abordé...  C'est un livre qui apprend beaucoup sur cette communauté mais reste un roman très prenant.

    @ Annick
     Cette communauté porte un sacré fardeau mais il faut reconnaître qu'elle l'engendre également. C'est compliqué tout çà mais l'auteur a su en faire un livre formidable. Gros bisous

    @ Almanito
    C'est un livre passionnant que je conseille. Je ne connais pas le livre et l'auteur dont tu parles... je vais vite gogoliser... :-)

    5
    Dimanche 13 Avril 2014 à 17:54

    Merci pour le partage Cathy, je note sur ma liste des ouvrages a commander.
    J'imagine que c'est fort !
    Bisous et bonne soirée

    4
    gazou
    Dimanche 13 Avril 2014 à 17:42

    En général , j'aime beaucoup Alice Ferney et ce livre-là, je l'ai particulièrement aimé, elle sait nous faire ressentir de l'intérieur ce que ressentent ces personnages, si loin de nous soient-ils...Elle a une très grande empathie et une belle écriture....Je suis très contente sue tu nous parles de ce livre

    3
    Dimanche 13 Avril 2014 à 17:35

    Ton enthousiasme est communicatif,  et ta brillante présentation donne envie de découvrir ce livre. Je retiens le titre et l'auteur, merci!

    Peut-être une lecture à rapprocher de "Zoli" du toujours excellent Colum Mc Cann...

    2
    Dimanche 13 Avril 2014 à 17:34

    Tu as eu du courage, en tous cas beaucoup de curiosité pour ouvrir ce livre et le lire. C'est vrai que ni le titre ni la couverture n'engagent à sa lecture. Tu en as très bien parlé, c'est un peuple tellement critiqué, rejeté par tous et donc incompris.

    Tu en as très bien parlé et tu l'as fort bien résumé. Merci Cathy.

    Bonne soirée du dimanche et à bientôt !

    Gros bisous

    1
    Dimanche 13 Avril 2014 à 17:33

    des enfants gitans privés de scolarité.....ok... ok ....vais revenir

     

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