• Il me semble que j'ai beaucoup de chances ces temps-ci...

     

    Lors d'une bourse aux livres organisée à l'hôpital, j'ai trouvé une petite pépite... sur le système de santé:

     

     

    Humeurs médicales 2

     

    Luc PERINO est un médecin généraliste et tropicaliste qui présente le système médical français avec lucidité et énormément d'humour. Il parle des bienfaits mais aussi des dérives de ce système qui prend tous les jours du plomb dans l'aile.

     

    Il n'hésite pas à dénoncer les aberrations auxquelles lui médecin et nous patients sommes confrontés, mais avec des mots très poétiques et une telle érudition que de réelles "vacheries" sont dénoncées... mais avec un papier cadeau. Il décortique les excès du système sanitaire, mais aussi les angoisses des patients, les abus, les effets de mode et j'en passe...

     

    Ses "humeurs" sont déclinées en une centaine de chapitres documentés mais distrayants et souvent très drôles. Des confidences tout-à-fait constructives qui donnent un panorama très intéressant de la médecine d'aujourd'hui.

     

    Alors bien sûr, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager l'un de ces chapitres. Pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre ? simplement parce qu'il a fait ressurgir des souvenirs d'enfance bien enfouis au fond de ma mémoire... et qu'il m'a fait sourire.

     

     

    AMPOULES BUVABLES*

     

    Dans une société judéo-chrétienne où la souffrance, la rédemption, la culpabilité et le péché servent de catalyseurs et d'objectifs, il est indispensable que la mousse au chocolat soit mauvaise pour la santé. Ce principe a son palindrome : ce qui est bon pour la santé se doit d'être écoeurant. Des générations d'enfants l'ont compris, la force réelle de l'huile de foie de morue résidait autant dans son goût abominable que dans sa richesse en vitamine D.

     

    De telles évidences n'ont pas échappé aux premiers fournisseurs de fortifiants labellisés qui se sont appliqués à y conserver la pestilence, en maintenant obstinément une forme liquide dont le but était bien de répondre l'horrible goût sur toute la surface de nos papilles gustatives et d'incruster le fumet nauséabond dans nos fosses nasales.

     

    Rien ne pouvait atténuer la barbarie de cet instant de fortification, sauf  peut-être les propriétés magiques de l'ampoule de verre contenant la dose de perlimpinpin. Effilée avec grâce à ses deux bouts, elle ne livrait sa liqueur qu'après d'habiles manoeuvres effectuées par une mère experte et résolue au bien de son enfant. ll fallait tout d'abord s'emparer de la petite scie, simple lamelle de métal, elle était coincée dans la fente spéciale d'un écrin en carton découpé et plié avec génie. Chaque ampoule de  verre y occupait -et, paraît-il, y occupe toujours- une place dont elle ne pouvait sortir ni par  renversement ni par secousse. Il fallait décoincer l'ampoule avec l'index appliqué sur une première pointe -l'enfant ignorait que les pointes de verre étaient émoussées-, cela donnait au geste maternel un héroïsme incitant déjà à la soumission. Extraire la deuxième pointe du cercle étroit de sa logette était plus facile. Puis venait l'épreuve du sciage avec ses nombreux risques d'échec. Inscrire deux traits de scie aux deux jonctions de l'ampoule et de ses pointes, à l'endroit précis où le diamètre est convenable, en forçant juste assez pour rayer le verre sans le briser, un trait sans bavure afin d'éviter que de petits éclats de verre ne transforment en drame cette banalité sanitaire. Après cette prouesse, il restait à vivre l'essentiel de la magie. La première pointe tenue fermement entre le pouce et l'index était cassée d'un coup sec en émettant un "poc" à nul autre pareil. Et, miracle, cet orifice pourtant ouvert au-dessus du gobelet ne laissait échapper aucune goutte de la précieuse boisson. Véritable défi à la pesanteur. Il fallait attendre le deuxième "poc" encore plus précis -la manoeuvre exigeait l'immobilité au-dessus du récipient- pour voir enfin s'écouler, ininterrompu, le filet de placébo qu'il faudrait se forcer à boire.

     

    Prix à payer pour la magie.

     

    Plus tard sont arrivées les scies avec petit manche en plastique, l'objet devenait intéressant à collectionner, premiers outils de maquettiste. Avec le temps, j'obtins même le droit de garder les ampoules vides, pourtant coupantes, je les rangeais dans leur logement initial pour restituer presque à l'identique la petite pharmacie de verre. Lorsque sont arrivées les premières ampoules autocassables, j'avais un peu grandi et je commençais déjà à suspecter l'inutilité de tous ces adjuvants à ma saine nourriture. Le spectacle avait perdu la moitié de son attrait, seul un accident comme un doigt venant s'écraser en saignant sur un trait de coupe préfabriqué et défecteux pouvait éventuellement stimuler, faute de fortifier.

     

    Aujourd'hui, toutes les ampoules sont autocassables et les galénistes ont inventé des fortifiants en sirops aromatisés au goût des chérubins, ou pire, en gélules sans étape gustative.

     

    Mais à quoi donc peuvent-ils bien servir ?.

     

    "Humeurs médicales" - chroniques - page 75 - Editions France Loisirs - Editions du Félin, 2006 - ISBN : 2-7441-9665-7

     

     


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  • Connaissez-vous Davy ?

     

    Non... pas Davy Crockett... Non un autre Davy...

     

    C'est un blog que j'ai découvert il y a peu de temps et dans lequel ce mystérieux Davy raconte sa vie de dessinateur avec ses propres croquis et nous a fait suivre la préparation d'un court-métrage qu'il nous présente ce soir, enfin achevé.

     

    J'ai trouvé son petit clown très touchant. Son personnage est  simple et en même temps vraiment expressif. Un trait de crayon devient un bras qui dessine le geste d'une courbe impeccable...

     

    Je vous encourage à faire les curieux et à aller jeter un petit coup d'oeil

     

    LA

     

    et si vous aimez, n'oubliez pas de voter pour lui...


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  • Ce jour là, nous pouvions vaquer tranquillement à nos occupations... le poulet était bien gardé !!!

     

     

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    Notre Porthos complètement fasciné !...


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  • Je ne sais pas qui donne le nom des rues... mais visiblement quelqu'un a eu une panne d'imagination...ou une étincelle de fantaisie ...

     

     

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  • Quand le temps est gris, qu'il fait froid, que l'actualité devient désespérante, le travail usant, l'humanité décevante et que l'on s'agite en tous sens à la recherche d'un réconfort et d'un signe d'optimisme, je cherche dans ma besace une recette de bien être immédiat, efficace et radical.

     

    Non, les gourmands !!! ce n'est pas systématiquement le carré de chocolat !!! (quoi que de ce côté il faudrait que je me calme... ). Non... mais le contact des animaux domestiques et l'observation des semi-sauvages ou des farouches est une panacée qui fonctionne à tous les coups...

     

    Et j'ai découvert sur le tard, grâce à  CLARA que vous connaissez certainement, ce livre que je trouve merveilleux...

     

     

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    Quand j'en parle autour de moi, tout le monde me dit "Ah oui !... je l'ai lu...mais il y a longtemps". J'en ai certainement croisé quelques extraits dans mes livres scolaires mais cette lecture a été une révélation pour moi et j'en ferais volontier un livre de chevet.

     

    Tous les animaux sont peints avec justesse, humour et précision et pendant que les yeux suivent les lignes pleines de poésie, l'animal s'anime et les lèvres esquissent un sourire. Chaque chapitre est une fête sauf un ou deux que j'ai trouvés très tristes (la jument et les perdrix).

     

    Choisir un extrait... la tentation était grande de recopier tout le livre !... mais il fallait trancher.

     

    Alors j'ai choisi un joli chapitre qui m'a fait penser à tous ces photographes si doués que je croise sur les blogs et à qui cette description devrait parler...

     

     

    LA CHENILLE

     

    Elle sort d'une touffe d'herbe qui l'avait cachée pendant la chaleur. Elle traverse l'allée de sable à grandes ondulations. Elle se garde d'y faire halte et un moment elle se croit perdue dans une trace de sabot du jardinier.

    Arrivée aux fraises, elle se repose, lève le nez de droite et de gauche pour flairer : puis elle repart et sous les feuilles, sur les feuilles, elle sait maintenant où elle va.

    Quelle belle chenille, grasse, velue, fourrée, brune avec des points d'or et ses yeux noirs !

    Guidée par l'odorat, elle se trémousse et se fronce comme un épais sourcil.

    Elle s'arrête en bas d'un rosier.

    De ses fines agrafes, elle tâte l'écorce rude, balance sa petite tête de chien nouveau-né et se décide à grimper.

    Et, cette fois, vous diriez qu'elle avale péniblement chaque longueur de chemin par déglutition.

    Tout en haut du rosier, s'épanouit une rose au teint de candide fillette. Ses parfums qu'elle prodigue la grisent. Elle ne se défie de personne. Elle laisse monter par sa tige la première chenille venue. Elle l'accueille comme un cadeau.

    Et, pressentant qu'il fera froid cette nuit, elle est bien aise de se mettre un boa autour du cou.

     

    Jolie macro n'est-ce pas ?...

     

    Merci Monsieur RENARD pour ces bon moments passés auprès de nos amies les bêtes, et bravo pour avoir su peindre cette nature éternelle, décrite sous votre plume à la toute fin du XIXème siècle et encore toute couverte de rosée au début du XXIème...

     

     

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